Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/724

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
209
MONROSE


montrâtes, dans la vôtre, de prudence et de fermeté[1] ! »

Cette tirade, ou quelque chose de fort approchant, fut si rapide, qu’aucun des époux n’avait pu placer une parole. D’ailleurs, qu’auraient-ils dit ? D’Aiglemont, attentif à leurs moindres mines, dès qu’il voyait la teinte brune se renforcer trop, avait grand soin de leur sourire, de les caresser de ses regards, et de leur serrer la main avec infiniment de pathétique. « N’est-ce pas, ma chère Éléonore, que votre mari fut généreux ? Qu’après avoir fait tout ce qu’il devait à vos nobles sentiments, il n’a jamais eu, depuis, la cruauté de vous reprocher, comme une erreur, la violence que vous essuyâtes de la part d’un maudit coureur de nuit dans le délire du somnambulisme ! »

Madame de la Caffardière perdait la tramontane, Caffardot faisait les mêmes gros yeux que le jour de notre arrivée chez le président, à l’occasion des premiers mots que le chevalier avait eu l’honneur d’adresser à Éléonore. Ce moment-ci n’était guères moins critique. Il apprenait enfin, ce pauvre mari, la seule chose qu’il ignorât encore concernant cette fameuse nuit de la

  1. On ne peut entendre ce persifflage sans avoir présent le chapitre XIII de la seconde partie de Mes Fredaines.
  3
19