Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/718

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
203
MONROSE


pas seulement sculpteur habile, mais aussi peintre agréable et architecte passable. Madame Lambert, qui devait être toujours bien, puisqu’on ne disait pas qu’elle fût enlaidie, circonstance qu’une femme qui en peint une autre n’oublie jamais, madame Lambert continuait d’être une excellente femme. Uniquement occupée du bonheur de son époux et de leurs enfants, elle y avait tout le succès dont on est sûr dans ce genre, quand on ne néglige rien de ce qui peut l’obtenir.

On ne me donnait pas des nouvelles aussi satisfaisantes du ménage de Le Franc. Ils se souvenaient trop, et avec trop peu de repentir, l’époux, d’avoir été vagabond, tapageur et libertin, l’épouse, d’avoir été fille d’amour, folle du plaisir bruyant et de ruineuse parure.

M. Le Franc avait dédaigné d’être fermier comme son père, et s’était cru plus honoré d’une petite charge dans les gardes du gouverneur, afin d’avoir le droit de porter l’épée[1] ! Dé-

  1. Avant que le noble commençât à se trouver trop chargé de l’arme qui pendant tant de siècles l’avait distingué du roturier, son antipode, celui-ci faisait grand cas du moindre état qui comportait le privilége d’avoir une épée. L’artiste, à la bonne heure ! mais aussi le commis et même l’histrion se pavanaient à la faveur de leur brette. C’était fort mal que ces derniers singeassent ainsi les défenseurs de la patrie ; mais fal-