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MONROSE


magistrale et de l’abnégation chrétienne, offrait toujours une aussi plate qu’ignoble caricature, et cependant il était très-vrai que la nature n’avait pas eu l’intention de faire de ce grand dadais un vilain homme : c’est de quoi Thérèse s’était très-judicieusement avisée dans le temps.

Ces époux (la dame surtout, qui ne m’avait pas revue depuis la première époque) furent trop étourdis du faste de ma maison et de la brillante métamorphose de tout ce qui tenait à moi, pour qu’il pussent se rappeler la petite chanteuse avortée du concert de M. Girardel, l’amie des Fiorelli, le lutin d’autrefois. Ils s’y prirent sottement avec moi, comme si j’eusse été quelque grande protectrice, m’accablant d’adulations et d’hyperboliques éloges. Ce ne fut assurément pas par reconnaissance de ce dégoûtant encens que je promis de me mêler chaudement de leur procès. Le fond de cette affaire était une misère. Mais grâce aux passions qui l’avaient envenimée, à l’inexpérience et peut-être à l’iniquité des premiers tribunaux, elle était devenue compliquée, obscure et ruineuse. Les appelants me paraissaient avoir raison… En tout, j’augurais bien de leur succès, aucun des procès pour lesquels j’avais daigné dire un mot n’ayant été perdu jusqu’alors. Gar-

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