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MONROSE


eût caché quelque décoration ; cet homme entre un matin dans ma boutique, et me voyant absolument seul, il me montre avec agitation un superbe diamant. « Brave homme, me dit-il presque la larme à l’œil, plaignez un infortuné que l’injustice du gouvernement réduit à pleurer d’avoir vécu trop longtemps. La vaine attente du paiement de mes pensions, me réduit… pour vivre, monsieur… oui, pour avoir du pain et des habits, à me défaire d’un bijou de famille… bien précieux. » Pardon… mesdames, mais cet honnête vieillard m’avait frappé. Je crois encore le voir et l’entendre : les larmes me vinrent aux yeux. Bref, il s’agissait de lui acheter sa bague… Mais, préalablement, je devais lui en faire une absolument semblable, afin, disait-il, de tromper, aussi longtemps que possible, les yeux de quelques amis qu’il ne voulait point éprouver, en leur laissant apercevoir un excès d’indigence auquel peut-être ils ne seraient nullement sensibles. Je promis que sous huit jours la bague imitante serait prête. Nous allions parler de prix pour l’acquisition que je n’étais pas éloigné de faire du brillant… Un abbé survint alors… « Vous ici, M. le duc ? et dans quel équipage !… » Pour toute réponse, celui qu’on venait de qualifier de duc, mit le doigt sur sa

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