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MONROSE


Je n’ai vu de ma vie un homme plus désolé que l’était en ce moment l’infortuné Monrose. Comment débrouiller la vérité d’un fait aussi confus ? Qui soupçonner, de l’accusé, de madame Popinel, de Sylvina ou des gens ? Monrose avait-il porté lui-même, à son insu, une bague fausse, la sienne lui ayant été escamotée quelque part ? Est-ce chez madame Popinel qu’on l’aura changée ? Le fait est-il un trait de vengeance ou peut-être une mystification ? Je m’y perdais.

Cependant cette Sylvina, qu’on sait n’être point une méchante femme, était au désespoir d’avoir fait imprudemment tant de mal à notre ami. L’état inexprimable où nous voyions celui-ci, déposait assez en faveur de son innocence. La baronne l’aimait encore : quant à moi, rien au monde n’eût pu me faire douter un instant de la droiture de mon pupille.

Je fis prier sur-le-champ certain inspecteur de police, mon proche voisin, de passer chez moi. Le hasard me servit à merveille : cet homme était sur les pas de mon domestique.

À peine avions-nous conté l’imbroglio de la bague que l’inspecteur, se recueillant et gardant un instant le silence, eut, bientôt après, cette sérénité que donne l’espoir d’une réussite…