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MONROSE


que anticipation, effet de la confiance qu’on avait en moi, quelque épaississement de la taille des prétendues n’étaient point des causes d’exclusion ; au contraire, on s’aimait ; on avait, en tout bien tout honneur, le désir de vivre et de mourir ensemble ; il ne fallait pas plus de vertu pour avoir droit à ma faveur : si bien qu’après la cérémonie, mes rosières existaient également sans honte et sans orgueil. L’amour avait fait, chez moi, des siennes cette année-là. Six fillettes, dont la plus âgée n’avait pas dix-huit ans, étaient toutes au point de ne pouvoir être remises à l’année suivante. La plus jeune s’était enamourée au catéchisme, où elle s’instruisait pour sa première communion. Le curé m’assurait qu’il n’y en avait pas eu de plus édifiante à la sainte table !

Tandis que je m’occupais délicieusement de bien divertir mes villageois, on travaillait, à la sourdine, à me diviniser. Je fus plus heureuse que mes amis ; tout leur art ne vint point à bout de tourner une seule tête ; j’en tournai bien naturellement douze au moins, et toutes les autres ne furent guère plus sages.

Lecteurs, ouvrez les romans ; vous y trouverez des descriptions fleuries de fêtes pastorales, bourgeoises, poétiques, héroïques, et tout