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MONROSE


désobéir on pourrait… » Il attire en même temps la marquise, et la faisant tourner dans ses bras, il l’attaque à rebours. « Tiens, tiens, regarde ! Armande… admire : y en a-t-il de plus belles au monde ? Baise celle-ci, et moi l’autre. — Ils sont fous ! » La flatteuse Armande obéit : les jumelles potelées n’en sont pas quittes pour un seul baiser…

Le reste ne peut se conter, cher lecteur ; on cessait de parler au cabinet, je craignais de faire du bruit ; il fallut être témoin d’une infamie.

C’est alors que j’appris à quel degré l’excellence tonsurée portait l’excès de ses libertins caprices. Tandis qu’il avait la marquise sans la contrarier, Armande, avec l’air de l’habitude, tira de sa poche un joujou de couvent, et en se masculinisant insulta le comte. En voilà déjà trop… Lecteur, si ton imagination n’a pas rejeté dès le premier mot cette burlesque image, je lui laisse le soin de se l’achever.

Quand je vis que le trio ne pouvait plus s’en dédire, je battis des mains avec la dernière vivacité, fuyant d’un pas si preste, qu’ayant à se rajuster, les acteurs ne pouvaient guère essayer de m’atteindre. Je me jetai dans un tronc d’arbre dont j’avais la clef[1]. De là, j’entendis un

  1. Les gens pour lesquels il faut tout dire, apprendront ici que, dans beaucoup de jardins anglais, on voit de ces troncs
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