d’un parent en crédit à la cour, je puisse, à mon
tour, m’y mettre en bonne posture ? — Ah ! tu
captiveras tous les esprits comme tous les cœurs.
— Les cœurs, c’est autre chose, je n’en veux
qu’un… et le garde. (Un baiser.) Mais je tâcherai
de me faire aimer de tous les honnêtes gens :
c’est bien assez… — Ils sont rares dans ce
pays-là… — Soit, mais ce n’est pas à nous d’en
convenir. Il est temps, mon cher, de te défaire
absolument, que dis-je, de n’en pas conserver
le moindre vestige… — De quoi, ma Flore ?
(Flore était un des noms de baptême de la marquise.)
— De cette morale américaine, de cette
prétendue philosophie qui, si elle a séduit bien
des gens de bonne foi, n’est pourtant au fond
que le jargon hypocrite du plus grand nombre
de ceux qui l’affichent. Cette multitude, de jour
en jour plus insolente, ne clabaude contre la
cour, n’en exagère les défauts, très-avérés, je
l’avoue, qu’afin de fournir insensiblement, à une
ancienne et venimeuse haine, des moyens d’arriver
aux fins les moins philosophiques. Les
vices de la cour, en cela surtout très-condamnables,
ne sont si décriés que parce qu’on y dédaigne
de les voiler. Mais certaines classes qui
n’osent encore afficher les leurs, sont-elles plus
pures ? Non, si jamais il arrivait une époque
Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/668
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
156
MONROSE