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MONROSE


à se conduire comme César ; mais heureusement, cet homme n’avait pas son pareil dans notre coterie.

Ainsi, Paris dans toute sa force et Florence mitigée étaient en raccourci chez moi. Ni les fameux jardins de Samoa, ni Lesbos, ni la célèbre Caprée, n’étaient des séjours de plus de liberté, de plus de délire ; ils étaient peut-être moins voluptueux que mon hospice.

Deux mois entiers s’écoulèrent comme deux instants dans l’enchantement continu de nos douces habitudes. D’Aiglemont, très-malade, c’est-à-dire qu’il s’était fait passer pour tel, avait éludé jusqu’alors de se rendre à son régiment ; mais comme un colonel en second, son ami, fort riche, avec lequel il s’était arrangé, tenait table également ouverte à la garnison, et que les bardots de l’état-major suffisaient d’ailleurs à traîner la voiture, tout se passait, quoique sans le chef, d’une manière assez convenable. Bien entendu que la jeune marquise avait trouvé moyen de faire remettre son propre service au quartier suivant.

On avait appris de bonne heure le départ de madame de Salizy pour l’Angleterre. Selon ce qu’elle avait écrit à Monrose, son projet était de courir le monde jusqu’à ce qu’une passion,