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MONROSE


dont il ne tenait point le flambeau, servait à tenir croisés les pans de sa robe de chambre, il a fait un geste d’admiration et baisé sur la toile les deux boutonnets qui depuis sont devenus de si belles roses. On a vu pour lors une saillie mobile si imposante, que, riant de tout leur cœur, Belmont et Floricourt ont fait à mademoiselle de la Bousinière les plus fous compliments. — Allez, vous êtes un hâbleur ; mais savez-vous, Monrose, que vous n’avez nullement le talent de raconter ? La moindre circonstance vous arrête, vous fixe : un historien doit marcher rapidement vers son but. — Et tout mutiler pour être court ! — Non, mais laisser quelque chose à deviner. J’ai failli vingt fois vous en faire l’observation, tandis que vous vous confessiez. — Une confession ne doit-elle pas être entière ? — Humble aussi, et la main à la conscience. — J’avoue que la modestie n’est pas mon défaut. Je vous ai tout dit avec une bonne foi candide. — Et vous pouviez pourtant vous épargner beaucoup de détails de choses que j’aurais parfaitement entendues à demi-mot. — J’aime parfois à m’appesantir… » Ce dernier bout de phrase était un mauvais calembourg : j’eus bien de la peine à m’exempter des frais de l’explication ; la jeune marquise vint au