sur une bergère, elle s’y est trouvée mal. Les
amies se sont empressées à la secourir ; elle a
recouvré l’usage de ses sens : « Il faut beaucoup
connaître quelqu’un, a dit Belmont, pour
éprouver, à son occasion, des affections de cette
violence ! — Aussi ne connais-je que trop le
chevalier Monrose… ou bien plutôt, c’est lui
qui m’a trop connue pour son malheur ! » Ses
larmes coulaient. Ces dames ont été curieuses.
Armande leur a conté, de point en point, toutes
mes aventures du Marais, mais avec tant de
partialité en ma faveur et contre elle-même,
qu’elle m’a fait souffrir. Quel devait être le
supplice d’une fille aussi franche, aussi généreuse,
quand on la forçait aux plus viles impostures !
Affreux la Bousinière ! scélérat de
Carvel ! c’est surtout dans ce moment si naturel
que j’ai pu mesurer toute l’étendue de
votre perversité ! « Eh bien ! ne voilà-t-il pas
qu’il se désole ! » dit avec souci la charmante
d’Aiglemont, passant sous le menton du conteur
une main caressante et lui donnant un baiser.
Je ne mis rien du mien dans cette circonstance,
mais je jouissais délicieusement des émotions de
mon ami, pour qui je ne craignais que deux
choses au monde : d’une part, des passions furieuses ;
— heureusement il n’en avait pas encore
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MONROSE