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MONROSE


autour de moi les intérêts particuliers, qu’il pût n’y en avoir enfin qu’un général, inébranlable. N’était-ce pas faire renaître avec un surcroît de délices ce temps heureux duquel d’Aiglemont avait bien eu raison d’articuler ses regrets ! Les barrières de l’amour-propre une fois renversées, il allait arriver dans ma société particulière que tout le monde gagnerait sans avoir fait la moindre perte. Tant soit peu plus cocu, d’Aiglemont avait enfin sa part de la délicieuse Aglaé ; Garancey, un peu moins occupé par elle, participait en revanche aux bontés de la charmante marquise ; Monrose cédait sans doute volontiers quelque portion de celle-ci, pour recouvrer à ce prix cette Aglaé qu’il n’avait possédée qu’une fois, cette rose superbe dont il n’avait pas eu la gloire d’entr’ouvrir le bouton sans se déchirer cruellement aux épines. D’ailleurs, j’étais toujours là pour assurer l’équilibre.

Malgré mes vingt-quatre ans et l’ancienneté de ma date avec tous ces messieurs, j’étais bien sûre d’avoir encore la main, et de pouvoir, toutes les fois qu’il me plairait, les commander à la baguette.