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MONROSE


thèque ! Il me tardait de tarir, une fois pour toutes, ces sources de jalousie, d’où ne pouvait manquer de résulter enfin une mésintelligence tout à fait contraire à mes secrets desseins.

C’est ici l’occasion, cher lecteur, de t’avouer que, dès le commencement de la voluptueuse campagne où j’avais embarqué mes amis, je m’étais mis en tête de les rendre propres à devenir membres d’une société fortunée[1] où j’avais moi-même l’honneur d’être alors la principale dignitaire. L’un de mes plus importants devoirs était de faire beaucoup et de bonnes recrues ; mais il fallait pouvoir répondre de tous et de chacun des candidats. Pouvais-je mieux faire que de les préparer moi-même, de juger par mes propres yeux de leurs dispositions et de la future qualité de leurs services ! Quel coup de filet n’allais-je pas faire, si j’avais le bonheur de réussir ! Quel mérite n’était-ce pas acquérir ! De quelle gloire mon règne n’allait-il pas se couvrir, et de quelle note brillante enfin ne demeurais-je pas signalée dans les fastes immortels de l’ordre !

Aussi je m’efforçai dès lors à si bien assoupir

  1. Les Aphrodites. Cette année-là, Félicia était grande-maîtresse. Cet ordre sera peut-être connu quelque jour. (Note de l’éditeur.)