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MONROSE


dont je ne venais point à bout de le dissuader, je ne me trouvais pas autant d’indulgence lorsque, se rejetant sur ce qui concernait sa sœur, il me remit devant les yeux, avec l’intention de m’humilier, la manière dont j’avais disposé d’elle. Dès cet instant le trop peu généreux Saint-Amand ne fut plus précieux pour moi.

Cependant, semblable au requin, qui, flatté de l’espoir de quelque proie, suit à fleur d’eau les vaisseaux battus par l’orage, l’avide madame de Garancey se trouva là pour gober l’artiste tout aussitôt que je le jetai à la mer. Ces illustres s’allumèrent aussi vivement à la flammèche du génie, que d’autres gens peuvent s’allumer au flambeau de Cupidon. Leur union, tout à fait sortable, me remettait en circulation, et soulageait en même temps nos fonciers sur qui notre muse tirait ci-devant, à tort et à travers, des lettres de change auxquelles il fallait bien faire honneur. Si mademoiselle Aglaé, sans respect pour les droits du sacrement, osait murmurer de ce que parfois on lui empruntait son cher Garancey, combien, à plus forte raison, la jeune marquise ne trouvait-elle pas mauvais qu’on lui écornât aussi de temps en temps son Monrose, sur lequel on n’avait aucune hypo-