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MONROSE


gez à nous quitter ? — Jusqu’à présent je n’en avais parlé qu’à madame d’Aiglemont ; mais puisque vous êtes dans la confidence, ma chère Félicia, je vous avoue que mon dessein est de retourner à Paris incessamment. Nous sommes dans le cas de faire un peu de cour ; le quartier de la marquise commencera le 1er  du mois prochain ; je ne puis, moi, me dispenser d’être le 15 du courant à mon régiment ; j’ai mille petits engagements à remplir avant mon départ… et puis, brochant sur le tout… je ne vois pas qu’ici je sois fort nécessaire… »

Je me gardai bien de lui faire un petit compliment auquel peut-être il s’attendait. Il était précisément un de ces hommes faciles à gâter à qui l’on ne doit pas dire tout le bien qu’on peut penser d’eux.

« — Il fut un temps, continua-t-il en soupirant, — Ah ! ma chère comtesse ! l’heureux temps où l’on ne vivait point ici comme à présent ! Tous les rôles y étaient bons alors ; et le mien surtout, en comparaison d’aujourd’hui ! — Plaignez-vous ! — Oui, sans doute, je suis en droit de me plaindre. — Vous êtes galant ! N’ai-je pas été trop bonne avec vous ? — Mais si rarement ! — N’avez-vous pas pris par tous les bouts cette pauvre Liesseval, que la honte des sottises aux-

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