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MONROSE


dame de Garancey, qui idolâtrait Saint-Amand, ne m’avait rien enlevé des sentiments de ce brûlant jeune homme. Il renonça donc dès cet instant à toute supériorité de frère et de mentor. Aglaé fut parfaitement libre et put à son aise faire un cours délicieux sous les leçons de Garancey, si bien fait pour pousser dans la science du plaisir une élève pourvue, comme Aglaé, des plus heureuses dispositions.

Sur ce pied, la marquise, put conserver quelque temps encore son cher Monrose sans partage. Celui-ci, très-délicat lorsqu’il avait le temps d’y songer, se piqua dès lors de ne donner aucun sujet d’alarme à cette charmante femme, qui tout de bon avait pour lui l’amour le plus flatteur.

Dès que la double intrigue me parut solidement tissue, et que je vis la bonne foi cimenter l’ouvrage du désir, je risquai d’essayer, avec les deux couples, de ces concerts de folie où du bon effet de chaque partie résulte une harmonie de parfait bonheur. Souvent Saint-Amand et moi, suivis d’Aglaé, de Garancey, de la jeune marquise et de Monrose, nous allions nous renfoncer dans les plus mystérieux recoins de mes possessions ou de la campagne ; là, foulant à l’envi le gazon ou la mousse, nous nous électrisions de