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MONROSE


doute, lui dis-je, tu ne prétends pas que ta sœur rapporte aux Élysées une fleur qui n’est de saison qu’ici ? — Mais, madame… — Point de mais ! Abjure un reste de bourgeois préjugés ; Aglaé n’est plus une enfant ; apprends qu’elle est déjà des nôtres, que je l’ai voulu ainsi et que si tu osais t’en formaliser !… » Il me voyait pour la première fois une mine à peu près sévère ; il en trembla. Mille baisers me fermèrent aussitôt la bouche : troublé, suppliant, il me conjura d’oublier une réflexion ridicule. Je lui dis que, me piquant d’aimer sa sœur autant que lui-même, je savais aussi bien que lui ce qui convenait pour qu’elle fût heureuse, et que je répondais de ses destinées pour aussi longtemps qu’elle voudrait bien se conduire par mes conseils. J’ajoutai sur le compte de Garancey des choses vraies et si fort à sa louange, que Saint-Amand, cessant de me gronder d’avoir ainsi livré sa sœur, me pardonna de la meilleure grâce du monde. « Au surplus, continuai-je, nous la marierons, et dès qu’il se montrera quelqu’un de convenable, s’il ne faut qu’un peu de bien pour égaliser les poids, je me réserve la jouissance d’opérer cet équilibre. »

Celui-là n’aime point, qui peut disputer contre la moindre idée de sa maîtresse… Ma-