Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/604

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
MONROSE


leurs de trop près aux intérêts secrets qu’il s’agissait de sauvegarder.

Je ne causai pas moins d’étonnement que de plaisir à Garancey, quand je lui dis qu’il m’obligerait en rendant quelques soins à ma pupille. Pour lors il m’avoua que dès le premier jour elle avait fait sur lui la plus vive impression, mais que, regardant cette Hébé comme ma propriété la plus chérie, il n’avait eu garde de trahir, par la moindre apparence, le désir brûlant qu’il aurait eu de se déclarer. Monrose et d’Aiglemont n’en avaient pas agi de même. Mais si l’on se rappelle de quelles couleurs j’ai peint dans le temps l’aimable homme qui vint à mon secours la nuit où j’étais sultane[1], et qui se conduisit depuis si délicatement avec moi, rien dans ce genre n’étonnera mon lecteur. Il était bien juste que Garancey fût heureux : qui mieux eût mérité de l’être !

Pendant une certaine promenade où je conduisis au loin Saint-Amand et sa sœur, Garancey faisant le quatrième, nous mîmes pied à terre dans une petite forêt où je connaissais un endroit bien favorable au guet-apens de l’amour ; je détournai sans affectation mons

  1. Voyez Mes Fredaines, quatrième partie, chapitre VIII, et les chapitres XVIII et XIX de la même partie.