Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/590

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
83
MONROSE


que je n’existais que pour elle, comme elle n’existait que pour moi ! Quel mécompte ! quelle vision pour une enfant de seize ans ! Il était à peine possible qu’elle en saisît toute la monstruosité ; en un mot, elle avait beaucoup vu, beaucoup entendu. Blessée à mort, éperdue, elle fuit, elle erre, en gémissant, en maudissant et les hommes, ces immondes créatures, et la parjure, la dérogeante Félicia, faible assez pour s’en entourer. Aglaé se rabat enfin chez la jeune marquise. « Celle-ci du moins est pure, pensait-elle ; madame d’Aiglemont va me plaindre, me consoler. »

Fermez vos portes, mes chers amis ; voici un nouvel exemple du danger qu’on court à négliger cette salutaire précaution. Vous allez voir qu’il peut résulter de son omission des catastrophes diaboliques.

La marquise est chez elle, mais Monrose, le fortuné Monrose est dans ses bras ! Aglaé, familière dans cet appartement, en a traversé toutes les pièces ; un nouveau coup de poignard l’attend au boudoir. Ainsi donc, coup sur coup étonnés, les yeux de la jeune vestale livraient à son âme l’image affreuse du triomphe de l’homme et le témoignage de la plus vile infidélité. Vous concevez bien, cher lecteur, que