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MONROSE

« Le long panégyrique de l’abbé fini, tous les lieux communs de la fade adulation épuisés sur mon compte, il ne fallait plus, pour combler mon ennui, que le piano discord sur lequel on engagea la demoiselle confidente à nous toucher la vieille sonate de Donauer, dont trois ou quatre auditeurs chantaient de mémoire la partie d’accompagnement. Que ne m’étais-je esquivé pendant cette musique ! Mais ayant, par malheur, attendu la fin, comme j’ouvrais la bouche pour prendre congé, madame de Folaise prit soudain la parole pour proposer un tour de promenade au Luxembourg. À l’applaudissement général qu’obtint cette idée, je reconnus à l’instant que tous ces gens-là n’étaient pas moins ennuyés les uns des autres, qu’ils venaient eux-mêmes de m’ennuyer. On courut aux chapeaux, aux épées, aux éventails. Tous les hommes défilèrent à petit bruit, excepté un vieux chevalier de Saint-Louis, un peu boiteux, pour offrir la main à la grosse dame ; le robin bel-esprit, pour jouer le même rôle avec la demoiselle musicienne, et moi, dans le bras de qui madame de Folaise engageait sans façon le sien, avant de s’être informée si cette promenade pouvait m’être agréable.

« J’enrageais tout bas de me voir ainsi forcé