honorante l’homme qu’elle avait choisi pour
époux de sa fille et petite-fille (car on n’ignorait
pas au tribunal inquisiteur de la police le
vrai rapport de l’abbesse avec madame de Belmont).
Ainsi donc c’était, à la lettre, une bonne
action qu’avait faite Monrose en envoyant ad
patres le vil commandant.
De mon côté, j’avais agi parfaitement, en légitimant la progéniture à venir qui déjà faisait faillir le cœur à madame d’Aiglemont. Ne m’avouera-t-on pas, d’après ces deux exemples, que tout ce qui produit de bons effets est bon, en dépit des tarifs que peut avoir fixés la morale, et réciproquement !
Chez moi, c’était, à cette époque, à qui s’efforcerait le plus de faire le bien. Depuis qu’il était public combien l’honnête Lebrun s’était distingué dans l’aventure de son maître, une de nos dames, brûlant d’amour pour les vertus, s’était fait un point d’honneur de couronner celle du valeureux valet de chambre : je veux dire que madame de Liesseval avait pris de la passion pour lui, comme on sait, et le mettait au niveau de nos marquis, de nos chevaliers sur le volumineux catalogue des possesseurs de ses bonnes grâces. Le secret de cet arrangement, sur lequel on visait bien à jeter un certain voile,