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MONROSE


naçait bien plus dangereusement de ruiner mon projet d’un bonheur pur et continu pour tous ces êtres aimables que je m’étais plu à réunir.

Mons d’Aiglemont n’avait pas fait la moindre chose à sa femme depuis qu’ils vivaient parmi nous ; cependant cette chère petite avait eu des symptômes de grossesse presque aussitôt après son aventure au bosquet de la comédie. C’était la troisième fois depuis son mariage qu’elle se trouvait dans cet état, et toujours il avait été accompagné de circonstances qui rendaient impossible de le dissimuler. Que faire ? comment se tirer de là ?… J’imaginai pourtant de quoi parer le coup. Puisse mon innocent stratagème aider à se tirer d’affaire quelque malheureuse épouse qui se trouverait, ainsi que madame d’Aiglemont, dans le cas de se dérober aux disgrâces d’une évidente infidélité.

J’exigeai de Saint-Amand que plusieurs jours de suite, pendant le crépuscule, il allât, tête à tête avec sa sœur, faire une promenade jusqu’à certain petit ermitage que j’avais fait construire au loin dans l’endroit le plus boisé de mes possessions. On m’obéit aveuglément. Dès le second jour mons d’Aiglemont, toujours à l’affût, ne manqua pas d’éventer cette manœuvre ; le libertinage outré de son imagination