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MONROSE


n’écoutant plus que son cœur, gémissait de sa conduite insensée et ne se pardonnait pas d’avoir presque ôté la vie à l’être charmant qui lui avait été si cher.

En un mot, au bout de huit jours, la face de tous les objets fut changée. Les causes du trouble intérieur de notre cher ami cessèrent ; nous vînmes insensiblement à bout de lui persuader que le mal d’avoir fait périr un homme vil, était peu de chose en comparaison du bien d’avoir purgé la société et préparé le repos d’une personne chère, en lui épargnant encore le partage de la honte qu’aurait fait éclore plus tard le châtiment légal que son coupable époux ne pouvait éviter.

Bientôt les ressources du plus bel âge, la tendresse de l’adorable marquise d’Aiglemont, ma consolante amitié, les plaisirs vifs et variés qui ressuscitèrent parmi nous à l’occasion des nouvelles circonstances, heureuses au delà de notre espoir, tout cela concourut à miner, à détruire enfin le sentiment d’un très-pardonnable malheur. Il laissait pour toute trace le fruit de cette sévère leçon qu’il faut, sur toutes choses, éviter de s’entourer dangereusement. C’est sur cette importante matière qu’avaient roulé continuellement nos secrets entretiens, pendant que

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