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MONROSE


tinue-t-elle de crier. Elle ne se souvient plus s’il y eut au monde un parent armé pour la venger et s’il a péri dans le moment. Monrose vit, elle revoit Monrose : le désespoir et le bonheur se disputent, avec un égal avantage, la plus expressive physionomie ; le meurtrier de l’oncle est pressé dans les bras de la nièce ; elle sèche de ses baisers les beaux yeux qui la mouillent de pleurs. »

À cet endroit du plus intéressant récit, il n’était pas besoin des larmes du bon Lebrun, pour faire couler à l’unisson celles de l’auditoire. Dès que l’essor de notre sensibilité put se modérer, le conteur reprit sa narration dans ces termes :

« Un bon génie nous avait pris sans doute sous sa protection spéciale, puisque toute cette bruyante scène put se passer sans qu’aucun des promeneurs du bois de Boulogne fût attiré vers nous. Moi seul et le jockey, Chonchon, qui s’était lestement jeté de côté tandis que le cabriolet versait, nous sommes sans blessures. Nous donnons partout nos soins ; des symptômes alarmants annoncent que l’imprudente Salizy ne tardera pas à mettre bas le tendre fardeau que recèlent ses entrailles ; elle a de plus un bras considérablement froissé. La Bousinière, ba-