qui me servit avec Carvel. La surprise, la douleur
font tomber de la main du perfide témoin
le fer dont il a vainement tenté de parer mon
attaque : plus alerte que lui, je saute sur l’épée,
la casse et jette au loin les débris. Cependant,
à quatre pas le cabriolet, dont le cheval s’est
effrayé, vient de heurter une souche, l’a surmontée,
et, versant, a jeté lourdement à terre
madame de Salizy ; car c’est elle qui accourait,
la tête perdue ; qui ne voyait que le danger de
son cher suborneur, et qui, en un mot, a eu
l’aveugle fureur de tirer. Le pur hasard vient
de lui épargner deux crimes : en manquant un
oncle, elle a failli tuer un amant.
« Il faudrait, mesdames, que vous eussiez vu, comme moi, le meilleur, le plus généreux des humains, oublier qu’il vient d’étendre un homme à terre ; que son propre sang coule de trois blessures… Il faudrait que vous l’eussiez vu courir au cabriolet versé, pour secourir la malheureuse Salizy. Elle a fait une chute violente et dangereuse ; mais sa fureur lui a conservé l’usage de ses sens… « Monrose ! Monrose ! » crie-t-elle, quoiqu’elle soit déjà dans ses bras. Elle est glacée d’horreur à la vue des traces sanglantes qu’impriment sur elle les mains chéries qui daignent la dégager. « Monrose ! Monrose ! » con-