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MONROSE


laine sur la peau, une chemise, un second gilet de soie doublé, la veste d’écarlate galonnée, un bon uniforme de drap bleu, le tout recouvert d’une redingote, c’était de quoi rendre la partie par trop inégale ; mais ce pouvait bien aussi n’être qu’une précaution de santé de la part d’un homme de certain âge récemment de retour d’Amérique. C’est pourquoi mon généreux maître n’a fait, à ce sujet, aucune difficulté. Cependant, de son plein gré, M. de Belmont, aidé de la Bousinière, a quitté son surtout ; quand il a voulu mettre habit bas, M. le chevalier l’en a dispensé. Tout aussitôt ils se sont mis en garde. Trompé par le flegme avec lequel M. Monrose s’est d’abord laissé porter plusieurs coups dont même l’un, trop faiblement paré, venait de le toucher légèrement, le colérique Belmont s’est cru sûr d’une facile victoire. Cependant, à son tour, il s’est senti blessé. Ce mécompte ajoutant à sa rage, il a commencé de tirer à bras raccourci. Mon cher maître paraît avec autant d’adresse que de sangfroid, attendant prudemment d’avoir du jour pour frapper avec plus de sûreté son impétueux adversaire. Celui-ci s’étant enfin découvert, j’ai vu M. le chevalier s’allonger vivement, plus jaloux de porter un coup terrible que de se garantir lui-même de ceux