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MONROSE


tourderie d’un enfant, excusable pour la première fois en faveur de sa gentillesse.

« M. de Belmont allait être en état de sortir quand j’ai vu paraître dans la chambre une espèce de fantôme affublé d’un manteau jadis rouge, rapetassé, guenilleux, et le chef couvert d’un crasseux chapeau dont une aile était rabattue sur le visage. Quand cette figure étrange a quitté son enveloppe, quelle n’a pas été ma surprise en reconnaissant… Le croiriez-vous, madame la comtesse (il s’adressait à moi) ! la Bousinière ! l’infâme beau-père de cette mademoiselle Armande dont je sais que monsieur le chevalier vous a parlé !

« À ma fatale vue, le vieillard… n’a pu pâlir, — dès longtemps son cuir hâve et sec ne permet plus aucune transition de couleur, — mais le mouvement convulsif de ses rides a tiraillé ses sourcils et ses crins blanchis. « Te voilà donc, coquin ! a-t-il eu l’audace de me dire. Nous te tenons enfin !… Mon cher Belmont, ce malheureux est l’homme dont je t’ai parlé, cet assassin d’un de mes meilleurs amis et autant vaut d’un autre encore. C’est le même qui sert le ravisseur de ma coquine d’Armande, si sage avant de les avoir connus. »

« Je frémissais de rage. Un instant j’ai eu