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MONROSE

« Chonchon (c’est le nom de l’espionne ou plutôt de l’espion rusé), Chonchon, qui, pour n’avoir vu mon maître qu’une seule fois chez sa maîtresse à la campagne, conservait de lui néanmoins un profond souvenir[1] ; cet enfant, dis-je, était venu toute la nuit pour prouver à mon maître son grand attachement, et l’avertir qu’il n’y avait sorte de mauvais desseins qu’on n’agitât chez madame de Salizy contre lui ; que M. de Belmont se vantait dans tous les tripots de chercher un petit freluquet de colonel dont il lui fallait les oreilles ; qui se cachait comme un lâche sous le cotillon des jolies femmes, mais qu’il saurait bien enfin déterrer et châtier ! etc.

« Qui connaît mon cher maître devine l’effet violent qu’avait dû produire sur lui cette franche confidence. Nous sommes partis sur le soir. Le lendemain de grand matin, j’étais chez notre homme, le priant de vouloir bien donner à certain colonel qui ne se cache point une heure d’audience au bois de Boulogne. J’étais en bourgeois et fort bien mis, quoiqu’en habit de voyage. M. de Belmont ayant voulu le prendre sur un certain ton, et s’échappant sur le

  1. Voyez la seconde partie, chapitre XXXVIII.