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MONROSE


gardé tête-à-tête par cette marquise, sans savoir que c’était sa naturelle expression, n’eût imaginé qu’elle le défiait, et qu’il était du devoir d’un brave de lui livrer l’amoureux combat. Je ne m’étais pas attendue à trouver cette provinciale pourvue d’autant de savoir-vivre et d’usage : à Paris on s’imagine assez sottement qu’aucun être né ailleurs n’est exempt de la gaucherie et de l’affectation originelles ! Cela peut être à peu près généralement vrai quant à la petite bourgeoisie, et surtout quant aux êtres qui affichent quelques prétentions ; mais il faut avouer qu’en province les personnes d’un certain rang[1], qui ont de la fortune, recevant dès l’enfance aussi bien qu’à Paris la bonne tradition des manières et de la politesse, il est très ordinaire de voir qu’à la fin de l’éducation, des personnes heureusement nées débutent dans le monde avec toute l’aisance et tout le bon ton de la cour. Mesdames d’Aiglemont et de Garancey réfutaient victorieusement un injuste préjugé dont j’avoue que j’étais imbue.

  1. On écrivait ceci lorsqu’il y avait encore en France des rangs, une bonne tradition. Au liee de la politesse et des manières, on calomnie, on pille, on vole, et les voleurs pendent les volés. Oh ! le bel âge ! Qu’il est surtout bien adroit de l’avoir, dès son enfance, immortalisé par une nouvelle date !
3.