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MONROSE


cey, plus de finesse et de douceur. Ni l’un ni l’autre n’étaient de ces beaux qui sembleraient vouloir rivaliser de jolie mine avec les femmes ; mais tous deux étaient plus éloignés encore d’être de ces robustes gladiateurs aux formes carrées, à cet air qu’on nomme assez mal à propos mâle, c’est-à-dire dur, et qui effarouche la volupté ; mille perfections, en un mot, étaient communes entre ces deux marquis, et pourtant rien au monde n’avait moins de ressemblance réelle. La nature a tant de moules ! Ce serait bien dommage qu’il n’y en eût qu’un pour la grâce et la beauté, tandis qu’il y en a tant pour la laideur et le ridicule !

La marquise de Garancey n’était plus jeune : c’est du moins l’injure, souvent gratuite, que fait la voix publique aux femmes qui passent trente ans ; mais une solide beauté, relevée du maintien le plus aisé, le plus noble, promettait à cette dame qu’elle ne serait de longtemps sous la remise. Ses yeux de feu démentaient chez elle un trop grand air de désintéressement ; car en même temps que madame de Garancey était le plus simple dans son ajustement, dans ses manières et dans ses propos, son brûlant regard semblait vouloir envahir l’humanité tout entière. Il n’y a point d’homme qui, re-