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MONROSE


j’allai jusqu’à partager avec la jeune marquise mon trésor, la précieuse Aglaé, sous la seule condition de se liguer cordialement avec moi contre les corsaires Monrose et d’Aiglemont, visiblement conjurés, avec le projet de nous enlever notre toison d’or.

Chemin faisant, j’avais soin de Saint-Amand. Celui-ci, tout à son art, et dès les premiers jours occupé de me peindre[1], jouissait à toute heure, à chaque minute, à chaque instant. Il aimait ! Le jour, il peignait son amante ; la nuit, elle le serrait dans ses bras. Il ne songeait guère s’il y avait un monde, des humains. Il ne connaissait ici-bas que son modèle, avec la toile et les pinceaux qui le reproduisaient. Saint-Amand était, sans contredit, de nous tous, le plus pleinement heureux : il faut aussi convenir qu’à cette époque il était, de nos cavaliers, le plus pur et le plus tendre.


  1. En pied, en prêtresse de Vénus venant brûler sur l’autel du plaisir un encens apporté par l’Amour.