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MONROSE


menter ma bibliothèque, bornée toutefois, mais distinguée par le choix et la variété des livres qui en faisaient le fonds. Je fis, en un mot, tout ce qui dépendait de moi, laissant le reste au cornet du destin ; car il était plus que probable que d’une machine organisée comme le serait bientôt ma colonie, il résulterait d’étonnantes combinaisons ; que l’amour et le caprice s’y arrogeraient infailliblement une surintendance absolument étrangère à la mienne, et de laquelle, loin d’oser m’en mêler, je devais plutôt me garder d’être lésée.

Mais sur ce point je me rapportais du tout à la Providence, dont les immuables décrets savent si bien déjouer notre petite politique.

On dit qu’ordinairement les guerres commencent par l’engagement des enfants perdus de chaque armée. C’est apparemment d’après cette loi militaire que la baronne de Liesseval, qui dès le premier jour avait rattaqué et vaincu le sieur Monrose, fut presque aussitôt attaquée et vaincue par le sieur d’Aiglemont. Celui-ci parut d’abord vouloir tenir ferme ; l’autre alors, en rusé partisan, songeant tout de suite à profiter de la circonstance, se rabattit sur le propre territoire du marquis volage, et traça des lignes hardies autour de la charmante