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MONROSE


et notre mère[1]. On amenait encore une jeune personne parente de milord.

Au moment de voir se rassembler ainsi chez moi presque tout ce que j’avais de cher au monde, j’étais orgueilleuse des richesses de mon cœur, et je résolus sur-le-champ de célébrer dignement une si belle époque de ma vie. Depuis quelque temps, sans m’être privée de rien, j’avais fait des épargnes qui me mettaient à la tête d’un comptant assez considérable. À quoi pouvais-je mieux employer mon or qu’à faire de mon habitation le centre de tous les amusements, de toutes les sensualités, comme elle le devenait insensiblement de la beauté, des grâces, des talents, de l’urbanité et de tous les bons sentiments dont s’honore l’humaine nature !

J’engageai l’un des plus illustres cuisiniers qui fussent sortis des laboratoires de Versailles. Afin d’avoir un bon concert, je fortifiai de trois solides Allemands ma maison domestique, toute musicienne, je fis réparer mon théâtre ; j’augmentai le répertoire et le magasin ; j’acquis tout ce que je pus trouver sous ma main de bon et de passable en fait de nouveautés littéraires. Au surplus, j’avais toujours eu grand soin d’aug-

  1. Voyez Mes Fredaines, quatrième partie, chapitre XXVIII.