Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
MONROSE


d’un ton que l’insensibilité ne sait pas feindre ; pourquoi faut-il que la crainte d’un peu de ridicule m’ait si longtemps privé des consolations que m’aurait infailliblement fournies votre parfaite amitié ! Rassurez-moi : puis-je encore me flatter qu’elle me soit conservée ? — Oh ! oui, tu le peux, Monrose ; et dans ce moment plus que jamais, je t’en crois digne. — Votre pari me regarde. — Je n’ai point parié. »

Il sentit bien que ma petite supercherie ne méritait pas un reproche. La réponse fut un de ces transports caressants où l’âme a bien aussi sa manière de répandre de la volupté ; j’attendais ses confidences ; voici comment il me les fit après un court instant de réflexion et de tristesse :

« Je ne sais s’il vous souvient que dès le lendemain de notre retour à Paris je crus devoir me présenter chez madame de Folaise, ayant négligé de le faire avant de vous suivre à la campagne. Je lui devais trop de reconnaissance pour que, malgré les torts qu’elle se donne avec vous[1], il n’y eût pas eu peu de délicatesse de

  1. Sylvina, dame de la baronnie de Folaise, n’en avait pris le nom qu’après la mort de son mari, qui avait constamment refusé de le porter. La baronne et la comtesse se voyaient peu. La première avait primé ; elle était déchue : cette infériorité