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MONROSE


je ne voulais pas que mon égrillard de neveu s’ingérât à le contrarier. Je crus donc d’une saine politique, non-seulement d’accueillir la proposition du commandeur, mais de le prier de me donner, avec son amie, plusieurs semaines et même au plus tôt ; ils promirent et s’engagèrent à me joindre là-bas sous peu de jours.

Nous partîmes dans la même voiture, Aglaé, Monrose, Saint-Amand et moi. J’eus grand soin de loger mon Apelles au-dessus de mon appartement, c’est-à-dire, si l’on se souvient de la distribution[1], à peu près comme si nous avions été de plain-pied, puisque les communications intérieures étaient si faciles. Aglaé couchait dans une pièce à côté de mon lit, sous ma sévère garde. Le frère ignorait absolument les rapports secrets d’elle à moi, c’est-à-dire que sa sœur fût avec lui dans une espèce de partage ; à plus forte raison me gardais-je bien de rien laisser échapper qui pût mettre Aglaé dans le cas de soupçonner que j’eusse quelque goût pour son frère : l’ingénue se croyait aussi exclusivement aimée de moi que je l’étais d’elle ! Saint-Amand, de son côté, conservait avec elle certains dehors sérieux et froids que comportait

  1. Voyez Félicia, troisième partie, chap. XIV.
2.