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MONROSE


sœur, nous n’avions pas laissé de faire un dîner d’amants : j’avais fait vider à ma sœur, sans qu’elle s’en aperçût, sa bonne part de deux bouteilles de champagne. En pointe, elle était encore cent fois plus aimable. Ce fut elle, pour le coup, qui jeta la première un coup-d’œil expressif vers l’autel où s’étaient consommés, avant dîner, nos ardents sacrifices : nous courûmes les y répéter. Clos, oubliant la nature entière, nous épuisâmes, pendant deux heures, avec un transport égal et soutenu, toutes les voluptés et toutes les folies du plaisir. Ce jour mémorable valut un cours entier pour Juliette, avec qui son externe impérit s’était contenté de cocufier de loin en loin maître Faussin, de la manière la plus uniforme.

« Vers la nuit, je conduisis ma conquête, à pied, chez cette mère qu’il fallait bien enfin avoir vue, ne fût-ce qu’un quart d’heure ; j’eus la complaisance d’attendre dans un fiacre la fin de cette courte visite, après laquelle Juliette, venant me retrouver, s’en retourna gaiement avec moi dans sa rue du Pet-au-Diable. Nous ne nous quittâmes pas sans nous être juré tout ce que comportait notre position, et surtout de nous revoir le plus tôt possible. »


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