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MONROSE


pour ces lieux publics où les sots et les aventuriers ont le droit de se mêler aux honnêtes gens du monde.

Sous tous ces rapports, Monrose était infiniment mieux qu’on ne devait le prétendre d’un homme de vingt-deux ans, et chacun (hors un seul ami que je savais être bon observateur) me faisait compliment de cette incroyable maturité peu compatible avec le régime d’un militaire qui s’était transplanté, presque enfant, sous un ciel si différent du nôtre. Moi-même je m’étonnais de cette manière d’être si peu conforme à ce que je prévoyais de la part d’un jeune homme bouillant, et dans l’âme duquel je connaissais les germes de plus d’une passion, avec de si puissants moyens de figurer avantageusement dans un certain monde… disons parmi les femmes, si habiles à deviner et surtout à mettre à toute épreuve les individus doués du genre de mérite que je connaissais à mon rare neveu. « Comment, me disais-je quelquefois, cet effréné, qui débuta par remplir en vingt-quatre heures la forte tâche de renouer sept fois avec une ancienne amie, de violer impitoyablement une persiffleuse soubrette et de prendre d’assaut la maîtresse quelques heures plus tard ; comment peut-il s’être métamorphosé tout à coup en