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MONROSE


quelque procureur… — Ah ! je le crains aussi comme la peste ! répliqua gaîment Juliette, en suivant la superstitieuse hôtesse où elle nous conduisait. — Ah ! qu’on voit bien que vous êtes frère et sœur, dit celle-ci ; je l’aurais deviné tout de suite !… » Cette femme était connaisseuse !

« Elle demanda une demi-heure pour pouvoir nous donner à dîner convenablement, et nous laissa seuls, dans une assez jolie pièce où, par bonheur, se trouvait un lit de repos du moins bien commode, s’il n’était pas fort élégant. Me jeter au cou de Juliette, l’attaquer partout à la fois, murer de ma bouche l’issue des sots scrupules, l’entraîner, la renverser, l’avoir sans lui laisser l’instant de se reconnaître, tout cela fut l’ouvrage de deux minutes. Quelle fortune ! Cette femme était un chef-d’œuvre de contours, d’embonpoint, de fraîcheur et de fermeté… Sur-le-champ je m’aperçus que nous étions l’un pour l’autre un objet d’étonnement. Vainqueur des préjugés, je n’avais pas fait le plus difficile. Un bien précieux obstacle me disputait encore pour quelques moments le véritable fruit de mon premier triomphe. Je gâtai d’abord un peu mes affaires auprès de la presque neuve Juliette, qui sentait