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MONROSE


ques petites ressources ! Il y avait donc à parier qu’elle ne manquerait pas d’indulgence si j’avais la témérité de lui proposer de convertir en partie fine le trop court tête-à-tête qu’un heureux hasard venait de me procurer.

« Nous approchions de l’École militaire ; la pluie, qui n’était que d’orage, avait cessé ; le soleil recommençait à briller de tout son éclat, « Il est de bien bonne heure pour dîner, dis-je avec un feint embarras ; le temps est devenu si beau, madame, que si vous n’étiez pas extrêmement pressée, il y aurait du plaisir à faire un tour de boulevard neuf. — Vous verrez, me répondit-elle en souriant, que je vais me montrer sur le boulevard, au grand jour, dans un vis-à-vis avec un jeune homme… (Ici la rougeur valut pour moi le plus agréable compliment.) Il faudrait que je fusse folle… — Où serait le mal ? — Le mal ! le mal ! je le sais bien, où… (Elle voulait retirer de mes mains les siennes que j’avais prises.) — Que ce M. Faussin est heureux ! — Lui ! pas trop, ou, si c’est ce que vous imaginez peut-être, pas du tout, car, grâces au ciel, il en est encore à oser me prendre le bout du doigt — Serait-il bien possible ! — Je vous le jure : d’abord, il ne lui faut plus de cela… Et puis… mais ne me regardez pas