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MONROSE


sentais pas de joie, voyant que le bonheur d’avoir en face une des plus jolies mines de la capitale m’était assuré pour tout le temps d’une si longue course. Je ne savais encore quelle était ma nouvelle connaissance : cependant je tenais, avec chagrin, à l’idée que cette beauté pouvait être madame Faussin. Quel meurtre ! Le Châtelet aurait-il ainsi enlevé des appas qui auraient fait à l’Opéra la plus brillante fortune ! Voici comment, sans être indiscret, j’appris que j’avais deviné. « Je vais, me dit-on, dîner chez ma mère, avec qui M. Faussin s’est brouillé comme un sot. Il n’a pas le droit de m’y accompagner. — C’est donc à madame Faussin que j’ai l’honneur de parler ? — Je la suis par malheur ; mais, pour ceux qui savent combien la personne et le nom de mon époux me sont odieux, je ne suis que Juliette. »

« Une aversion assez vive pour qu’on ne fût pas maîtresse de le cacher, même aux gens qu’on voyait pour la première fois, me parut de bien bon augure… Rien n’est aussi parlant au monde qu’une bourgeoise de Paris.

« Mon père, huissier priseur, continua Juliette, m’a mariée par force et malgré ma mère, il y a trois ans, à son vieux coquin d’associé, parce que cette union était entre eux un mezzo