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MONROSE


râpé, décousu sous une aisselle, et marqueté de taches. Une cravate blanche recouverte d’un vieux ruban noir, qui en dissimulait un peu la malpropreté, atteignait la grossière mousseline d’un jabot sali de tabac, comme le haut de l’habit et de la veste. Le noir équivoque d’une culotte de peau graisseuse et luisante était relevé d’une paire de bas de coton blanc, sales et rapetassés ; des souliers huileux à boucles d’étain complétaient cette parure, dont l’accessoire était l’épée de fer à large coquille, à la mode des tapageurs, et un petit chapeau déchiré, des angles duquel on voyait sortir les côtes d’un plumet jadis blanc, indice certain de la prétention du personnage à n’être point de roturière origine. Mon étoile ne me destinait-elle pas, dans cet homme, un beau-père bien ragoûtant !

« Moins perturbable que la Prudent : « Un homme comme moi ne s’explique point devant des valets, » dit le vieil escogriffe d’un ton à la Brisard[1] qui faillit, malgré mon humeur,

  1. Le Goût, pour assurer l’immortel succès des drames, fit naître un jour un talent que pendant bien des années on admira sur la scène française, et qui l’a même enrichie d’un emploi non connu jusqu’alors. Dès que dans quelque pièce un homme d’un certain âge venait débiter, du ton de la chaire, de grands mots sentencieux, pousser des soupirs, des exclamations, étendre les bras, etc., et qu’en se retournant il laissait voir une