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MONROSE


analyse, à se mêler des affaires d’autrui. Madame Prudent (ainsi se nommait la plénipotentiaire d’Armande) était une commère de cinquante-cinq à soixante ans, rangeant entre le peuple et la petite bourgeoisie ; un peu bourgeonnée, sauf à motiver quelque soupçon d’ancien catinisme ou d’actuelle ivrognerie ; ses petits yeux roux, très-observateurs, eurent pris, en un moment, la mesure de tout ce qui se voyait chez moi : je crus voir un huissier faisant dans son cerveau l’algébrique toisé du produit d’une saisie !

« Le désolant Lebrun, au regard fixe et terrible pour quiconque lui déplaît, fronçait son épais sourcil noir et faisait tout beau sur la commère, à peu près comme un chien d’arrêt qui, sans la présence du chasseur, se ruerait sur une proie.

« Comme madame Prudent, placée, après les contorsions polies que font les personnes de son état, ne parlait point encore, affectant, par son air inquiet, d’attendre que nous fussions tête à tête, je ne me gênai point de dire qu’elle pouvait entrer en matière, Lebrun, qui demeurait par mon ordre, n’étant point un onéreux témoin, puisqu’il connaissait parfaitement M. de la Bousinière, mademoiselle sa fille, MM. Béatin,

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