voici la preuve ! » Je dégaine ; il en fait autant.
À peine nous sommes-nous portés les premiers
coups, sans nous blesser, que quelqu’un, arrivé
par derrière et faisant tomber mon chapeau, me
coiffe d’un cône de carton qui s’enfonce jusqu’aux
épaules et me prive de la vue. Heureusement
j’ai la présence d’esprit de me jeter de
côté. Une botte de longueur qu’on me portait
me manque et perce le traître qui jouait à me
faire assassiner. À son cri, Carvel se trouble,
veut fuir ; je le poursuis, je l’atteins : c’en était
fait de sa vie, si ma lame, trop délicate, que je
voulais lui plonger dans les reins, ne volait pas
en éclats, ayant rencontré quelque chose de dur
dont le scélérat s’était fortifié. Cependant je lui
saute au corps, je le désarme, et de la noueuse
épine qui servait ci-devant de fourreau je frappe
à coups redoublés sur le haut du chef, sur le
visage, sur les jambes ; le malheureux, moulu,
non pourtant fracassé, tombe ; je l’abandonne,
pour tâcher de retrouver et reconnaître son perfide
adjoint ; mais celui-ci n’est plus à la place
du combat ; je marche pendant quelques instants
à la piste d’une trace de sang que me fait découvrir
la clarté d’un réverbère ; en même
temps, mon pied pousse quelque chose qui reluit,
c’est une montre ; je la ramasse. De retour au
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MONROSE