Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/424

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
169
MONROSE


s’agissait d’une toute petite mystification, afin d’accélérer le mariage d’un provincial fort épris avec une jeune personne qui l’aimait aussi de tout son cœur. Il semblait que cette négociation, les parties étant si bien d’accord, dût ne souffrir aucune difficulté. Point du tout : je ne sais quel scrupule était survenu subitement au galant. Il voulut se dédire. Je représentais un frère ; je fus prié par le père, l’homme de grand sens, de chambrer un peu l’inconstant, et de lui faire entendre raison : il ne s’agissait nullement d’une affaire. Il me suivit sans répugnance, et seul, au fond d’un jardin où il y a certain cabinet qui débouche sur un cul-de-sac. Il fallait, pour mon malheur, que le maudit domestique de mon homme conçût quelque injurieux soupçon, et que, connaissant le local, il vînt par dehors se mettre à portée du lieu de notre conférence. Comme en effet l’entêtement négatif du provincial commençait à la rendre orageuse, l’indiscret domestique alla chercher la garde, un commissaire : tout cela n’est pas loin. On vint frapper à la porte de par le roi ; je refusai d’ouvrir ; on fit violence ; la porte céda ; je comptais sur un pistolet que je ne me trouvai point ; il fallut obéir à la force. Nous fûmes conduits chez un commissaire… On

  2
15