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MONROSE


per. Cependant, l’idée de cet homme enlevé la même nuit au Marais me trottait dans la tête. Ne serait-ce point Carvel ?

« Au bout de six jours, je fis un tour à la Force et m’informai. Non-seulement c’était bien Carvel qu’on avait arrêté, mais il s’agissait encore de le transférer incessamment à Bicêtre. Ce renseignement me fit honte de demander à le voir. Je revins sur mes pas et restai tranquille, n’allant plus au Marais que pour les beaux yeux de ma brunette, dont les faveurs valaient encore incomparablement mieux que son tabac.

« Un beau jour enfin, au moment où je pensais le moins à Carvel, je le rencontrai, débiffé, mal en point, qui rêvait appuyé sur le parapet de la terrasse des Tuileries. « — Comment ! te voilà ! lui dis-je, en m’annonçant par un coup sur l’épaule sans lequel il ne m’aurait point aperçu. — Ah ! c’est toi, Lebrun ? — Je t’ai cru mort ! — Autant vaut presque : n’ai-je pas frisé Bicêtre ! Ah ! je m’y serais tué ! » Je feignis une extrême surprise et le priai de me conter ses malheurs.

« — Tu sais, me dit-il, que la nuit de notre souper dans la rue des Boucheries, je devais joindre quelque part mon ami Saint-Lubin ? Il