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MONROSE


« Parbleu ! Carvel, lui dis-je affectant la gaîté d’un homme à qui les vapeurs du vin commenceraient d’agiter le cerveau, je vois que tu es toujours un compère ! Je serais enchanté de savoir, dans le temps, la suite de cette intrigue. — Pourquoi pas ! il ne tiendra même qu’à toi d’y prendre un petit rôle… » Je voulais enivrer mon homme, afin d’avoir occasion de le reconduire et de connaître ainsi sa demeure, sur laquelle, interrogé plusieurs fois, il m’avait paru vouloir garder le secret ; mais je ne vins point à bout de le lui arracher : le drôle buvait mieux que moi.

« Vers onze heures, il fut le premier à rompre la séance, disant qu’il avait rendez-vous fort loin d’où nous étions, pour minuit, avec l’abbé de Saint-Lubin… — Saint-Lubin ! — Oui, monsieur, votre ci-devant très-cher abbé : vous saurez tout… — Tu ne m’as jamais averti… — Patience : ils avaient, dis-je, rendez-vous ensemble chez une sœur, pour un coup où lui, Carvel, devait jouer le frère terrible. Je payai la dépense, il fit avancer un fiacre. Vous savez bien, monsieur, que dans ce temps-là, quand vous reconduisiez une de ces dames, vous ne rentriez guère avant trois ou quatre heures du matin ? Voyant que j’avais du loisir, dès que le fiacre

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