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MONROSE


tout de suite il ajouta, se parlant presque bas à lui-même : « Cette fois-ci nous te tiendrons ! »

« Heureusement je fus assez maître de moi pour ne pas laisser remarquer à quel point m’intéressait à mon tour ce qui venait d’échapper à Carvel. Je me gardai même bien de lui faire sur l’heure aucune question curieuse. Mais il proposa d’aller souper ensemble quelque part ; je n’avais garde de refuser, ne doutant pas, d’après la vive impression qu’il conservait de votre vue, qu’il ne cédât au besoin de parler de vous. En effet, à peine fûmes-nous seuls, dans un cabinet à part, chez un traiteur de la rue des Boucheries, que Carvel me dit, du ton d’un homme préoccupé : « Tu as vu, mon cher Lebrun, ce beau jeune homme qu’on m’a nommé ? — Eh bien ? — Il fut autrefois le meilleur de mes amis… Aujourd’hui, divers intérêts font que j’ai pour lui dans le cœur une haine implacable. — Que t’a-t-il fait ? Il a l’air doux, honnête… — Et peut-être est-il réellement un fort galant homme ; mais il me causa tant de chagrin, dans un collége où nous étudiions ensemble, et par lui certain ami que j’ai de par le monde, endura de telles avanies, qu’épousant les griefs de celui-ci, pour qui Monrose est,