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MONROSE


aidé de quelque accessoire : sans mes anciennes épargnes, le traitement que vous avez la bonté de me faire maintenant, ne me mettrait point au niveau de mes petites jouissances personnelles et de l’élégance par laquelle j’ai l’ambition de vous faire honneur.

« Les désœuvrés se trouvent à toute heure sous la main : je n’allais guère aux spectacles, aux promenades, sans y rencontrer Carvel. Je ne le cherchais ni ne l’évitais ; souvent j’en étais accosté. Certain soir que nous regardions ensemble la sortie des Français[1], vous passâtes rapidement, conduisant à sa voiture une de nos Laïs avec laquelle vous alliez prendre votre essor. « Est-il bien possible ! dit Carvel avec l’expression d’un vif intérêt ; oui… je ne me suis point trompé, ce monsieur-là… — C’est monsieur le chevalier de Kerlandec, interrompit l’aboyeur[2], à qui l’on ne s’adressait point. — Grand merci, l’ami, » répliqua mon compagnon en lui donnant quelque monnaie ; et

  1. Messieurs les étrangers, cela vaut dire : le monde qui sortait de la Comédie-Française.
  2. On doit dire ici, pour les provinciaux et les étrangers, qu’à la porte de chaque spectacle il se trouve des crieurs volontaires, appelant les voitures et avertissant les maîtres du moment de se présenter à la porte. Ces stentors publics connaissent ordinairement tout le monde : on les nomme aboyeurs.