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MONROSE


d’injurieuses présomptions. Comparaître, c’est ce que je ne faisais jamais. Le voile de l’illusion était arraché ; toute cette séquelle brouillonne, avide, autant que libertine, ne m’inspirait plus que de la crainte et du dégoût, quant au moral ; quant au physique, je redoutais de véritables attraits auxquels j’aurais eu peut-être encore la faiblesse de devenir trop sensible : on ne me voyait plus.

« Je ne doutais nullement que l’enrageant Saint-Lubin ne fût derrière le rideau. C’était à lui presque exclusivement que je devais toutes ces mauvaises connaissances. Une d’elles surtout m’alarma bientôt véritablement. C’était la fille d’un soi-disant gentilhomme vivant obscurément dans un petit coin du Marais, et chez qui Saint-Lubin m’avait fait entrer, comme par hasard, au retour d’une promenade.

« Cette fille avait bien quelque beauté réelle, mais surtout beaucoup de physionomie, une jolie taille, de l’esprit et la plus piquante originalité. Fort satisfaits l’un et l’autre de ma première visite, la convention que nous fîmes pour une seconde était un véritable rendez-vous. Je trouvai cette fois-là ma jeune personne absolument seule dans un jardin potager assez vaste dont elle avait l’air de prendre soin. En ma fa-