Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
MONROSE


d’heure, je ne lui avais pas encore dit tout ce qu’elle m’inspirait… « Oh ! doux ami ! » répété tendrement, avait été l’unique signal de la part qu’on avait prise à la consommation de chacun de mes sacrifices. « Bonté de Dieu ! dit-elle enfin avec un long soupir, comment rentrer là-dedans ! — Quelle enfance ! vous savez bien, ma chère amie, qu’ils n’ont pas été plus sages que nous… — Oh mais !… »

« Le comte et notre folle guettaient le moment où nous ressusciterions, pour nous faire la plaisanterie des noix confites[1]. La dessalée Mimi dit tout ce qu’il fallut pour mettre à son aise la conscience de sa timide amie ; ces dames s’embrassèrent de la meilleure amitié. « Vous êtes un charmant garçon, » me dit le comte. Il rayonnait de bonheur et me secouait la main. « Eh bien ? (Me montrant du coin de l’œil son infidèle Dodon.) — Délicieuse ! Et ?… (Je lui désignais de même ma parjure Mimi.) — Céleste ! Mais je pense, chevalier, que nous offenserions ces dames, si nous nous bornions auprès d’elles à cette passade. Elles seraient humiliées de croire que nous n’aurions eu pour elles qu’un

  1. En beaucoup d’endroits, et nommément dans la province de ces dames, les gens de noces apportent aux nouveaux mariés des noix confites après que le mariage est consommé.